L'Union européenne souhaite se doter d'un cadre unifié en matière de réglementation du marché des crypto-actifs. La proposition de règlement dite « MiCA », qui reprend les grands principes du régime français, a pour principaux objectifs d'encadrer les activités des acteurs du marché des crypto-actifs.
Le 30 juin 2022, le Conseil et le Parlement européen ont trouvé un accord provisoire¹ sur une proposition de Règlement dite « MiCA » (Markets in crypto-assets) (ci-après le « Règlement MiCA »)²
Le Règlement MiCA a pour objectif de fixer le cadre réglementaire européen applicable aux activités relatives à certains crypto-actifs au sein de l'Union Européenne. Ce règlement s'inscrit notamment dans le cadre du Plan d'action pour les technologies financières de la Commission européenne³.
Avant l'adoption formelle de cette proposition, le texte doit être soumis à l'approbation finale du Conseil et du Parlement européen. L'application du Règlement MiCA est envisagée par la Commission européenne entre 2023 et 2024.
Cela signifie que les acteurs en matière de crypto-actifs doivent d'ores et déjà tenir compte des prérequis du Règlement MiCA dans le cadre de l'exercice de leurs activités au sein de l'Union Européenne.
En effet, le Règlement MiCA a vocation à s'appliquer – de manière directe sans qu'une transposition ne soit nécessaire - aux personnes qui émettent des crypto-actifs ou fournissent des services relatifs à des crypto-actifs au sein de l'Union européenne.
Ces crypto-actifs sont « une représentation numérique d'une valeur ou de droits pouvant être transférée et stockée de manière électronique, au moyen de la technologie des registres distribués ou d'une technologie similaire »⁴, c'est-à-dire tous les actifs transmis via une technologie blockchain qui disposent d'une certaine valeur ou octroient des droits à leur titulaire. En particulier, peuvent être concernés en fonction de leur qualification les jetons utilitaires ou « utility token », par exemple les « fan token »⁵ ou encore des tokens utilisés directement sur les plateformes d'échange comme le « BNB », jeton utilitaire émis par Binance, un prestataire de service sur actif numérique majeur sur le marché, etc..
Certaines catégories de crypto-actifs et certaines catégories d'organismes/institutions sont néanmoins exclus du champ d'application du Règlement MiCA. Par exemple : le Règlement ne s'applique pas aux crypto-actifs qui remplissent les conditions pour être considérés comme des instruments financiers, de la monnaie électronique ou une titrisation. Par ailleurs, le Règlement ne s'applique pas, entre autres, à la Banque Centrale Européenne (BCE) et aux banques centrales nationales ou encore aux entreprises d'assurance.
Il existe également des exceptions spécifiques pour les établissements de crédit et les établissements de monnaie électronique.
Le Règlement reprend le cadre général prévu par le droit français, au sein de la Loi relative à la croissance et la transformation des entreprises du 22 mai 2019, dite « Loi Pacte »⁶. En effet, la France était alors l'un des premiers Etats Membres à se doter d'un cadre législatif pour encadrer les activités d'actifs numériques ou « crypto-actifs »⁷.
Dans le même esprit, le Règlement MicA définit aujourd'hui des exigences strictes couvrant essentiellement :
- les offres au public/émissions de crypto-actifs, en instaurant un nouveau cadre pour les émetteurs de crypto-actifs au sein de l'Union européenne (Titre II)
- la fourniture de services sur crypto-actifs, en venant ainsi réguler les prestataires de services sur crypto-actifs au sein de l'Union Européenne (Titre V).
Le règlement MiCA propose par ailleurs un régime spécifique applicable aux « jetons de valeur stable » ou « stablecoins ». Ces jetons constituent « un type de crypto-actif qui vise à conserver une valeur stable en se référant à la valeur de plusieurs monnaies fiat qui ont cours légal, à une ou plusieurs matières premières ou à un ou plusieurs crypto-actifs, ou à une combinaison de tels actifs »⁸. Il existe de nombreux jetons de valeur stable échangés aujourd'hui sur le marché. Par exemple, la société LUGH⁹ vient récemment d'obtenir son enregistrement auprès de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) en France et émet un stablecoin appelé l'EURL adossé à l'euro pour réaliser des transactions via une blockchain.
A ce stade de la procédure d'adoption du Règlement MiCA, il est pertinent de comparer le futur régime applicable et le régime français actuellement en vigueur en France.
1. La qualification des crypto-actifs
La Loi Pacte avait adopté la dénomination d'« actifs numériques »¹⁰ pour viser les crypto-monnaies et les « utility token » ou « jetons utilitaires ». Le législateur français avait alors fait le choix d'adopter des définitions larges permettant de suivre l'évolution très rapide du marché des crypto-actifs et des nouvelles activités de ce secteur.
Le Règlement MiCA propose (dans la version française) de recourir à une notion de « crypto-actifs » qui est plus large encore. Le Règlement MiCA apporte par ailleurs des définitions plus précises des différentes catégories de crypto-actifs soumises aux dispositions du Règlement MiCA :