7 min de temps de lecture 8 nov. 2024
Fenêtres vertes d’un building reflétant la ville

Adoption de la directive TVA VIDA : accélération sur la digitalisation

Auteurs
Eric Cayrel

Avocat Associé, Fiscalité indirecte

Eric est actuellement avocat associé au sein d’EY Société d’Avocats, membre de l’équipe « Fiscalité Indirecte » et participant aux activités du groupe « Tax Technology & Transformation ».

Gwenaëlle Bernier

Avocat Associée, Tax Technology & Transformation Leader, Western Europe Maghreb

Tax Technology & Transformation leader. Accompagne ses clients sur des missions mêlant fiscalité internationale et nouvelles technologies. En charge de la transformation digitale.

Jean-David Vasseur

Avocat associé, Indirect Tax and Global Trade Leader, France

Jean-David dirige le département TVA, Douanes et taxes indirectes d’EY Société d’Avocats. Avocat depuis 20 ans, il apporte à ses clients des solutions innovantes adaptées à leurs nouveaux besoins.

Olivier Galerneau

Avocat Associé, Fiscalité indirecte

Olivier est associé membre de l'équipe Fiscalité indirecte d'EY Société d'Avocats

Cédric Bernard

Avocat Associé, Tax Technology & Transformation, France

15 ans d’expérience en matière d’accompagnement des entreprises dans le cadre de leur digitalisation fiscale.

7 min de temps de lecture 8 nov. 2024
Expertises associées Fiscalité

La proposition de directive « TVA à l’ère numérique » a été approuvée au plan politique par les Etats membres le 5 novembre 2024, ouvrant la voie à de nouvelles règles en matière de TVA et à une généralisation de la facturation électronique et du e-reporting.

Lors de la réunion de l’ECOFIN du 5 novembre 2024, les Etats membres de l’Union européenne ont unanimement approuvé au plan politique la dernière version de la directive dite « TVA à l’ère numérique » (« VAT in the Digital Age » ou ViDA).

L'objectif de cette réforme est triple : il s’agit d’améliorer le système de TVA dans l’Union européenne en l’adaptant à la numérisation de l’économie, de simplifier les obligations déclaratives des assujettis et de mieux lutter contre la fraude fiscale.

Cette réforme prévoit de nombreuses nouvelles règles, regroupées en trois « piliers » :

  • Création d’obligations européennes de facturation électronique et de e-reporting des données de transaction
  • Modification des règles TVA applicables aux plateformes de mise en relation
  • Simplification des obligations déclaratives en matière de TVA.

Dans le présent document, nos avocats vous présentent brièvement les changements les plus importants, et les dates d'entrée en vigueur de chacun des trois piliers. Veuillez noter que tous les détails de cette réforme ne sont pas inclus. Nos experts se tiennent à votre disposition pour vous les exposer individuellement de façon plus précise.

1. Obligations européennes de facturation électronique et de e-reporting des données de transaction (à partir du 1er juillet 2030)

Obligation d’émission de factures électroniques

Les factures devront, par défaut, être émises sous format électronique, ce qui sera d’ailleurs obligatoire pour toute transaction devant faire l’objet d’un e-reporting européen (voir ci-dessous). S’il est prévu que les Etats membres pourront encore accepter pour leurs transactions non intracommunautaires des factures sous format papier, ou répondant à d’autres normes électroniques que celle promue par l’Union européenne, de nombreux Etats membres ont déjà introduit, ou sont en train d’introduire, des règles nationales de facturation électronique obligatoire et/ou de e-reporting.

Les factures électroniques visées par l’obligation européenne devront être émises dans un format électronique structuré conforme à la norme EN16931, dans les 10 jours du fait générateur de TVA. Les factures récapitulatives mensuelles resteront cependant autorisées, sous certaines conditions.

E-reporting des données de transaction

Un nouveau système de déclaration numérique (e-reporting) sera introduit au niveau européen, et remplacera ainsi les états récapitulatifs européens de biens (ancienne DEB) et de services (DES).

Par ce nouveau système, les assujettis devront soumettre des données électroniques au regard des transactions suivantes :

  • livraisons et acquisitions intracommunautaires de biens ;
  • transfert de biens propres d’un Etat de l’UE à un autre (si non déclarés via le nouveau régime de « guichet unique » prévu par cette même réforme, voir plus loin) ;
  • livraisons et acquisitions de biens et services (non exonérés de TVA) soumises au mécanisme d'autoliquidation domestique.

Les données électroniques correspondantes doivent être soumises transaction par transaction au moment où la facture électronique est émise ou aurait dû être émise, sauf cas particuliers.

Les Etats membres de l’Union européenne peuvent permettre aux assujettis, sous conditions, de ne pas soumettre de données pour leurs acquisitions intracommunautaires de biens ou leurs acquisitions de biens et services soumises au mécanisme d’autoliquidation domestique.

De plus, les Etats membres sont autorisés - également sous conditions - à mettre en place une obligation de e-reporting pour les transactions non déjà visées par l’obligation européenne. Les obligations nationales déjà existantes devront être harmonisées avec ces règles avant le 1er janvier 2035.

2. Règles TVA applicables aux plateformes de mise en relation

Nouvelle règle de lieu de fourniture pour les services d’intermédiation B2C (à partir du 1er juillet 2028)

Le lieu de fourniture d’un service d’intermédiation fourni par un assujetti à des clients non professionnels (B2C) via l’utilisation d’une interface/plateforme électronique sera le lieu où la transaction sous-jacente est taxable à la TVA.

Fiction fiscale applicable aux plateformes d’intermédiation en matière de location de courte durée d’hébergements et de services de transport de passagers (à partir du 1er juillet 2028 (optionnel) et à partir du 1er janvier 2030 (obligatoire))

Une fiction fiscale de type « fournisseur présumé » sera applicable aux plateformes permettant la mise en contact de prestataires et de clients pour la réalisation (i) de locations de courte durée d’hébergements, et/ou (ii) de services de transport de passagers par route (au sein de l’UE), sous certaines conditions.

Dans le cadre de cette fiction fiscale, le service réputé rendu par le fournisseur sous-jacent à l’opérateur de plateforme sera exonéré de TVA. Le service réputé rendu par l’opérateur de plateforme au client final sera, en principe, taxable à la TVA.

3. Simplification des obligations déclaratives en matière de TVA (à partir du 1er juillet 2028)

Extension du régime One Stop Shop (OSS)

Le champ d’application du régime One Stop Shop (OSS) sera étendu aux fournitures B2C de biens suivants :

  • fourniture de biens avec installation ou assemblage ;
  • fourniture de biens à bord de navires, d’avions ou de trains ;
  • fournitures domestiques de biens.

Nouveau régime (OSS) pour les mouvements de stocks au sein de l’Union européenne

Un nouveau régime déclaratif sera introduit pour les mouvements de stocks au sein de l’Union européenne. Un assujetti pourra en effet déclarer ces mouvements au sein d’une déclaration de TVA unique déposée auprès d’un guichet unique, évitant ainsi de devoir s’immatriculer à la TVA dans les Etats concernés par ce mouvement.

Seuls les transferts de biens propres pour lesquels un droit de déduction complet de la TVA est possible pourront être déclarés dans le cadre de ce régime spécial.

Abolition de la simplification TVA européenne de stock en consignation

En raison de l’introduction du nouveau régime (OSS) pour le transfert de biens propres, le régime européen de simplification TVA pour les stocks en consignation sera progressivement supprimé, et cessera de s’appliquer le 30 juin 2029. Cela signifie que le dernier transport/expédition de biens dans le cadre de cet arrangement spécial pourra avoir lieu au plus tard le 30 juin 2028.

Mécanisme d’autoliquidation domestique obligatoire

Un mécanisme d’autoliquidation domestique deviendra obligatoire pour la fourniture de biens ou de services effectuée par un assujetti non établi ni identifié à des fins de TVA dans l’Etat membre où la TVA est due, lorsque le client est une personne déjà identifiée à des fins de TVA dans cet Etat.

Ce qu'il faut retenir

Les changements promus par cette réforme, qu’ils portent sur le caractère électronique des factures, sur la généralisation d’un e-reporting européen ou sur les règles de TVA, auront un impact très substantiel sur la plupart des entreprises françaises assujetties à la TVA. Nous vous recommandons donc d’évaluer l’impact de cette réforme sur votre organisation et d’anticiper autant que possible les modifications nécessaires à une mise en conformité. Une partie de ces changements peut déjà être anticipé dans le cadre de la réforme française de la facturation électronique, qui doit s’appliquer à compter de septembre 2026.

A propos de cet article

Auteurs
Eric Cayrel

Avocat Associé, Fiscalité indirecte

Eric est actuellement avocat associé au sein d’EY Société d’Avocats, membre de l’équipe « Fiscalité Indirecte » et participant aux activités du groupe « Tax Technology & Transformation ».

Gwenaëlle Bernier

Avocat Associée, Tax Technology & Transformation Leader, Western Europe Maghreb

Tax Technology & Transformation leader. Accompagne ses clients sur des missions mêlant fiscalité internationale et nouvelles technologies. En charge de la transformation digitale.

Jean-David Vasseur

Avocat associé, Indirect Tax and Global Trade Leader, France

Jean-David dirige le département TVA, Douanes et taxes indirectes d’EY Société d’Avocats. Avocat depuis 20 ans, il apporte à ses clients des solutions innovantes adaptées à leurs nouveaux besoins.

Olivier Galerneau

Avocat Associé, Fiscalité indirecte

Olivier est associé membre de l'équipe Fiscalité indirecte d'EY Société d'Avocats

Cédric Bernard

Avocat Associé, Tax Technology & Transformation, France

15 ans d’expérience en matière d’accompagnement des entreprises dans le cadre de leur digitalisation fiscale.

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